Hestival

Il était une fois des habitants qui avaient décidé de créer un festival de cultures urbaines, en pleine air et en pleine ville, un certain 15 aout 1995, dans le quartier de l’Hommelet sur ce qui deviendrait ensuite le Parc du Nouveau Monde.
Cette section est en travaux : on ambitionne de numériser toutes les phots de l’époque pour les restituer ici !

Le drapeau de l'Hestival flottait sur tout Roubaix
Il était une fois un festival …

 

Voici les archives d’un festival né dans le quartier de l’Hommelet, monté à la force du poignet par quelques bénévoles. Parti de rien en 95, il a évolué pour connaitre une réputation nationale en 99, avec une programmation présentant le top du hip hop français. Il a connu plus de 60 groupes, et un public atteignant 20.000 personnes Il offrait une programmation riche et variée, tout en maintenant une base très hip hop. Il s’est arrêté en 1999, après la 5eme édition pour raison financière : les pouvoirs publics nous avaient promis des sommes qu’ils n’ont pas tenus.

L’Hestival, festival créé en 95 à Roubaix, regroupant des jeunes et des moins jeunes, a connu au prix d’un effort bénévole et d’un engagement sans compter, un succès évident :
– pour la première fois des groupes rap et raï y ont joué en plein air et en public, dans des conditions de qualité
– un public de 20 000 personnes en 1998, c’est probablement la manifestation roubaisienne la plus populaire !
– 80 groupes programmés en 5 ans, des pros reconnus et des groupes amateurs, du puriste au commercial…
– une notoriété nationale, avec du public venant de Marseille, Paris, Rouen, Belgique…
– il était devenu l’événement hip hop et festif et GRATUIT sans équivalent en France en Août !

L’Hestival s’est arrêté suite à des décisions politiques car il dépendait en partie de financements publics qui ont été interrompu alors que les dépenses étaient engagées lors de la dernière édition. 

Ont été programmés, en concerts gratuits : Rachid TAHA, Busta Flex, Zoxea, DJ Goldfingers, Sulli Sefil, Salif, Diam’s, Monsieur R, Ménage à 3, Mellow Man, D Abuz System, Les Spécialistes, Cut Killer, Tyoussi Mad, I.P.M., La Sentence, Arsenik, Dee Nasty, Adhoc -1, D.N.C, A-Free-k, Nid 2 Serpents, Mel’Ange, Raïan, La Deviz, Unik Rap, Spenglish, Spilling Blood, Venice, Tunkashila, Useless, Hit The Boom, AllStars Connexion, DCJ, Ragga Black Posse, Produxion Incorruptibl, Natty Roots, Cosmos, Ultim System, Jungle Beans, AK-A, IMS, Liste Noire, Toubab Skank, United, Les Rusés du Pavé, Hip Hop Génération, MS Rai, ASWAW, ETA, Buffalo Soldiers, Les Affranchies, Issue 2 Secours, La Représaille, DJ Karim, DJ Seize O, Dom’ U Africa, Pagaille, Cercle Vicieux, Support Intellect, Simba, le 4eme Pouvoir, Apothéose, BaixRou Associés, Point Critik, Mental Kombat (Axiom), Les Rois de la Dépouille, Nouvelle Ecole West Side, Sampleur et Sans Reproche, MC Associés, New Dance Street (Brahim Bouchelaghem), Dance Of Dream, SIRFEM, Mékong, AG4, Poetes Juvéniles, La Pire Espèce, Précious Boyz.

Un public dense sur le futur parc du Nouveau Monde
Avec un H comme Hip Hop et comme Hommelet !
15 août 1995 –

 

Des jeunes nous disent qu’il ne passe rien à Roubaix, le Conseil Régional appelle à projets pour les « Quartiers d’été », une envie de faire un beau coup dans le quartier : c’est comme ça qu’est né l’Hestival : une journée de rap, en plein air, dans notre quartier de l’Hommelet. On nous prédit une émeute, qu’on ne saura pas organiser, on s’en balance, on fonce tête baissée !

Recrutement de groupes, devis de matos, on prend tous ceux qui veulent jouer gratos, juste pour le fun de faire cette journée. 10 groupes au total du vivier local, et on balance la sauce un certain 15 août 1995, date anniversaire de Woodstock.

Le rap et le raï se jouait qu’en salle, nous on sentait l’émergence imminente.

Déjà , lors de répétitions en salle, les journalistes restent subjugués par la bonne ambiance, l’envie évidente qu’ont ces jeunes artistes et notre détermination.

Jour J, budget de 10000 FF, sono négociée chez SEND Roncq à moitié prix, quelques photocopies en guise de communication vont nous ramener un millier de personnes, réunies devant le spectacle de A-Free-K, sous un ciel ensoleillé sur ce qu’on appelait encore « la friche Phildar ».

Roubaix découvre la fête : une journée de 10 concerts gratuits en plein quartier ! Pas d’incident, rien à signaler, sauf du « bruit » !

Nous, on jubile. Le cocktail rap-raï détonne. Plus rien ne sera désormais plus comme avant !.

Hestival 2 – Des artistes d’ailleurs…15 août 96

 

Lancé sous fond de polémique (« la Mairie nous mettrait-elle des bâtons dans les roues ? » écrit-on dans notre journal « Hommelet Informations ») le matériel prêté l’année précédente n’est pas renouvelé. On fait pression, les jeunes de tous les quartiers se mobilisent et, bref, on inaugure l’Hestival 2 par une expo photo début août et des concerts sonorisés par Feeling et montés par les stagiaires de l’ARA.

On nous présente à l’Antenne Régionale du Printemps de Bourges qui nous soutient avec « Cité Rock » et « Plus de Bruit contre le Sida », ce qui nous offre une diffusion en direct sur une Radio Hommelet créée pour l’occasion ainsi que, par crainte technique, sur Radio Pastel FM, le tout en parlant de la prévention sur le Sida.

Avec un peu plus de moyens, on décide de reprogrammer les groupes de la première édition avec les lyonnais de D.N.C (Découverte du Printemps de Bourges).

On atteint les 2000 personnes et on commence à comprendre ce que c’est que de gérer des groupes !

Un vrai public des quartiers, de Roubaix à Marseille, faisait le déplacement
Un public nombreux, de jeunes, mais pas que
 
Hestival 3 – un jour Rock et un jour Rap !
14-15-16 août 97

 

On décide d’élargir notre programmation à d’autres musiques que le rap. Ce sera une erreur. Même si des groupes « rock » et d’excellente qualité scénique osent le défi, le public boude ostensiblement, ce que d’ailleurs, la presse ne s’empêche pas de remarquer. Cela dit le groupe techno Useless et les hollandais funky de Hit The Boom! sauvent l’honneur.

Ce fut par contre, une première expérience d’animations, avec du karting et des jeux gonflables, bref un village tel qu’on a pu le voir en nous rendant au Printemps de Bourges. Enfin, on commence à s’entourer de régisseur professionnels. La sono est faite par Silver Sound.

La deuxième journée, dès le premier groupe de groupe rap, la foule est au rendez-vous. On inaugure aussi des « Scènes Ouvertes », ce qui nous fait en tout sur deux jours 18 groupes programmés. On atteint environ 4000 personnes avec un public plus mixe attiré par Mellow Man et DCJ. Le 3eme jours sera un thé dansant pour les personnes agées du quartier.ier.

Avec une partie des bénévoles, on allait se former au festival du Printemps de Bourges et on revenait plein d’idées dans la tête !
Photo
 
Hestival 4 – En national !
14-15-16 août 98

 

N’écoutant que notre inconscience, on décide d’aller toujours plus loin toujours plus haut, en programmant trois vrais jours de concerts, toujours gratuits pour le public. Pour la première fois, on décroche des partenaires médiatiques nationaux comme MCM, Radikal, l’Affiche, et en régional, Skyrock. Les finances semblent aller un peu mieux, et coté programmation, on négocie Rachid TAHA, Arsenik et Dee Nasty ainsi que d’autres groupes d’envergure. Deux jours de rap et un jour de musiques orientales berbères. Et c’est un carton, on compte 20000 personnes en 3 jours. La communication graphique se fait avec l’aide de bénévoles québécoises, via internet, on publie en couleur. L’organisation est bien rodée, on est mort de fatigue à la fin, mais heureux d’avoir atteint un tel niveau. « Roubaix dans l’été hestival » tant la ville est couverte d’affiches, de drapeaux aux couleur de l’Hestival !

Seul bémol après l’événement, des frais supplémentaires qui nous mettent en situation difficile.

13-14-15 août 99

L’année commence avec inquiétude, la nouvelle politique des « Quartiers d’été » annoncée tardivement crée un trou sérieux dans le budget. Dur de trouver les moyens de notre ambition qui est de garder le niveau. On rencontre des élus municipaux, on s’attend à un geste. Qui ne viendra pas. Seul, le député Baert s’engage et nous ramène un partenariat de 100 000 FF du Groupe Casino. On tente de chercher ailleurs des finances, mais le temps joue contre nous. De plus des pressions locales se font de plus en plus appuyées, on nous reproche que l’Hestival est devenu trop important. Le combat sera difficile et on s’en tire avec un budget plus que serré.

Les medias nationaux comme MCM, Radikal, et SkyRock nous suivent. Radio Beur et Radio Urgence nous soutiennent. Les fanzines « Prise de Tête » et « Virus » nous annoncent dans l’underground lillois. La communication graphique est exécutée par une québécoise qui viendra jusqu’à Roubaix pendant le festival.

On programme la crème des groupes rap, For My People, Diam’s, Cut Killer et avec plus de 30 groupes programmés – gratuits – on revendique le statut de « l’événement hip hop de l’été dans la région » et peut-être plus…

Malheureusement, un changement de lieu des concerts nous perturbe, et le temps, pourri le 13 août laisse place à un vrai déluge de pluie le lendemain qui inonde des rues jusqu’à près d’un mètre d’eau, nous oblige à déprogrammer.

Les bénévoles restent unis et solidaires, mais la pilule est amère. On sauve cependant les meubles et le 15 août voit une journée de hip hop avec une vingtaine de groupe. Les artistes se défoncent, Zoxéa, BustaFlex, Diam’s mettent le paquet. Mais ceux qui nous étonne le plus sont les BaiRoux Associés, petits groupes du quartier qui entame la journée en mettant le feu ! Malgré les mares d’eau encore présentes, un public de 5000 personnes est au rendez-vous pour cette journée.

Mais le pire de cette édition sera l’avant dernier groupe, réputé pourtant comme l’un des meilleurs groupes de scène : D Abuz System monte sur scène et insulte le public déjà bien échauffé. La sécurité des « grands frères » est heureusement au top de sa forme mais les 2 derniers concerts sont annulés. Plus de peur que de mal. Mais un dégoût profond et une fatigue immense.

Scène de l'Hestival, avant le Parc du Nouveau Monde

Vie et Mort d’un festival
1999-2001


Après coup, on reçoit le premier prix des Césars de la Vie Associative (catégorie « Événement) et la mairie publie un article sur l’Hestival dans un numéro spécial consacré au renouveau de Roubaix. On nous invite cependant à refiler notre bébé à une autre association, ce qui est inacceptable.

En 1999, ce sont 3 financeurs qui subitement ont des baisses budgétaires plongeant le Comité de Quartier dans une paralysie qui se réglera par le licenciement du permanent. La mairie octroit alors une subvention exceptionnelle pour couvrir le reste.

Depuis l’arrêt, des paroles de soutien arrivent spontanéement et plus de 3000 signatures pour le retour de l’Hestival 2001, mais jamais le projet ne reverra le jour.

Photo
Plus de 25 ans ont passé sans que depuis on ait revu un tél événement festif et populaire programmé et géré par les roubaisiens eux-mêmes. Que sont devenus tous ces gens ? Savaient-ils à l’époque qu’ils assistaient à quelque chose d’unique, qu’on ne reverrait pas d’aussi tot à Roubaix ?

Voir la revue de presse consacrée à l’Hestival de l’époque.

~ Dernière mise à jour de cette page, le 4 mai 2023 by Bruno

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *